L'Oeil Curieux

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Tag - André Kertész

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lundi 25 avril 2011

Sur la lecture


Quel plaisir de retrouver André Kertész au Château de Tours, après la grande rétrospective de cet hiver, à Paris !

Sur la route des vacances, j'ai donc visité l'exposition, toujours proposée par le Jeu de Paume, mais "hors les murs", ayant pour thème la lecture.

Activité singulière à photographier, car très intime et individuelle.

Activité chère à André Kertész, car elle investit ses clichés durant toute sa vie, depuis ses débuts en Hongrie dans les années 1910, jusqu'à la fin des années 60.

Si importante à ses yeux, que le photographe publie, en 1971, un petit ouvrage "On Reading" (à New York, chez Grossman, et en France sous le titre "Lectures", aux éditions du Chêne ), contenant une soixante d'images sur la lecture, sans texte d'accompagnement .
Cet ouvrage est à l'origine de l'exposition du Château de Tours, avec des tirages réalisés en 1998 à partir du fonds de négatifs légué par Kertész à l’État français.

Fils de libraire, amateur de littérature, André Kertész a construit, au fil des ans, sa petite encyclopédie illustrée de la lecture.

Il surprend des lecteurs de tout age, du crépuscule de la vie, comme la lectrice assise dans un lit, aux hospices de Beaune, en 1929, en passant par l'age adulte et dès l'enfance.



Enfants lisant, Esztergom, Hungary, 1915, André Kertész
Enfants lisant, Esztergom
Hongrie, 1915, André Kertész

Il surprend aussi des lecteurs dans toutes les situations, dans des bibliothèques bien évidemment, mais aussi dans la rue ou en pleine nature.

Homme lisant sur une échelle, André Kertész
Homme lisant sur une échelle, André Kertész

Enfant lisant des bandes dessinées dans une rue de New York 12 octobre 1944, André Kertész
Enfant lisant des bandes dessinées dans une rue
New York 12 octobre 1944, André Kertész

Au delà de l'acte de lecture, son œil attentif capture aussi les situations les plus inattendues.

Paris, 1931, André Kertész
Paris, 1931, André Kertész

Enfin, comme dans toute son œuvre, la géométrie et la composition sont parfaitement maitrisées.

Pont des Arts, Paris, 1963, André Kertész
Pont des Arts, Paris, 1963, André Kertész

Flâneur attentif, André Kertész nous fait partager l'intime solitude du lecteur, l'univers protecteur qui l'entoure.

je crois aussi que cette belle exposition nous rappelle la parenté de la lecture et de la photographie.
La photographie est l'écriture avec la lumière, et une écriture appelle naturellement une lecture.
Ensuite, l'une comme l'autre sont d'abord des actes individuels, voire égoïstes,
Mais l'une comme l'autre appellent aussi le partage, du texte d'une part, de l'image de l'autre, pour se réaliser pleinement.


vendredi 21 janvier 2011

Dans les nuages...


Habituellement un nuage n'est guère apprécié sur une relation.

C'est pourtant un nuage qui va permettre, entre l'image N&B d'un grand de la photographie, André Kertész, et l'image couleur d'un anonyme, un dialogue plutôt inattendu, tout en opposition.

André Kertész, Le nuage égaré, New York, 1937.
André Kertész, Le nuage égaré, New York, 1937

Quand André Kertész construit son image sur la verticalité, je réponds par une structure horizontale.
"Mon" nuage lui même est horizontal et dominateur du bâtiment qu'il coiffe, alors que celui de Kertész est une petite chose, dominée par la structure gigantesque du Gratte Ciel.
Enfin, la situation de "victime" du petit nuage est confirmée par le titre de l'image prise à New York, alors que le soupçon est nourri, envers mon nuage, par un titre menaçant.
Un nuage, et deux visions qui se livrent une joute graphique à travers le temps.

Nuage toxique ? / Toxic Cloud ?

Le Photo Flaneur, Nuage toxique ? Angoulême, 2010

lundi 22 novembre 2010

Visite d'un Grand de Hongrie

Il est toujours intimidant d'aller visiter un Maitre.
Vais-je reconnaitre tous les incontournables de l'histoire de la photographie, exposés devant mes yeux ?
Vais-je apprécier et "comprendre" ses premiers clichés, qui, déjà, contiennent en germe la grandeur des œuvres à venir ?

J'ai donc pénétré avec respect la pénombre de l'exposition André Kertész au Jeu de Paume.
Le parcours étant chronologique, il permet de ressentir combien la photographie a été naturelle et présente durant toute l'existence d'André Kertész, depuis ses premières photographies, banals mais historiques petits formats, jusqu'à sa série de Polaroïds, prise après le décès de sa femme en 1977.
Par le choix des sujets, par sa curiosité jamais rassasiée mais aussi la présence de thèmes récurrents, comme les cheminées et les ombres, sa pratique photographie se confond avec son existence d'homme, faisant de lui même, dans ses nombreux autoportraits, ou de sa femme ou de son frère (en "Scherzo") des modèles idéaux.
Toujours l'émotion affleure dans ses images et révèle le regard singulier d'un homme qui a, en toute simplicité, participé à l'histoire de la photographie.

Comme mon propos n'est pas de relater en détail l'exposition (visible jusqu'au 6 février 2011), je vais conclure ce petit billet par trois impressions.

La Poésie est le premier trésor ramené de cette rencontre avec André Kertész et je ne vois pas plus beau joyau que son "Peintre d'ombre"

andre-kertesz-painting-his-shadow.jpg
Le peintre d'Ombre, André Kertész, 1926

Ensuite, André Kertész a effacé mes derniers scrupules à recadrer les photographies.
Ayant eu Henri Cartier Bresson comme "Ange Gabriel" me révélant la venue de la photographie dans ma vie, le recadrage m'a longtemps semblé l'aveu d'une imperfection chronique lors de l'acte originel de la prise de vue.
Déjà la découverte de la pratique de Willy Ronis avait ébranlé ce dogme d'HCB, intégriste génial qui poussait la pureté jusqu'à faire apparaitre le bord noir du négatif sur ses tirages.
Willy Ronis recadrait, avec modération certes, mais il recadrait !
Avec André Kertész, le recadrage devient une nouvelle étape de la photographie, ultime geste d'orfèvre pour achever le travail entamé lors de la prise de vue.
Il n'hésite pas, ne conservant, par exemple, d'un portrait de lui-même avec sa femme, qu'un cadrage serré sur un demi visage et une main posée sur une épaule. Le portrait de couple, relativement banal, est devenu, par une taille maitrisée, une image symbolique du couple.
Je peux désormais recadrer, sans demander pardon à Henri Cartier Bresson !

Kertesz_189.jpg
Elisabeth et moi,1931,André Kertész
Épreuve gélatino-argentique, tirée vers 1961
25,3 x 17,5 cm
Collection of Sarah Morthland, New York


Enfin, j'avoue, au risque de passer pour un espèce de photographe amateur, inculte et incapable de comprendre la vraie photographie, ne pas avoir apprécié ses distorsions.
Si j'en comprends la modernité à l'époque des prises de vues, elles ne me "parlent" pas, restant à mon gout des recherches formelles, finalement assez inesthétiques.
J'ai malgré cela éprouvé une petite satisfaction artistique en trouvant une résonance entre une de ses distorsions et une œuvre de Salvador Dali !

Andre Kertész Distorsion
Distorsion, Andre Kertész

Salvador Dali, L 'énigme de Guillaume Tell
L'énigme de Guillaume Tell, Salvador Dali

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